La protection des ressources ? Elle est présente au cœur de la stratégie d’Axéréal depuis de nombreuses années. Préserver la biodiversité, améliorer la santé des sols… Les projets en la matière sont nombreux, impulsés par une politique de développement durable ambitieuse.
Porté par cette dynamique, le groupe coopératif a en particulier pris de l’avance sur la question de l’optimisation des ressources en eau pour ses outils industriels, un sujet identifié dès 2018 comme l’un des onze enjeux majeurs d’Axéréal. « La façon dont l’eau est gérée peut avoir un impact important sur nos activités et sur notre performance extra financière et financière », confirme Carmen Dechêne, responsable développement durable d’Axéréal.
Elle constitue en effet une ressource naturelle clé pour les activités du groupe, de la croissance des plantes aux process industriels de transformation des grains. « Or le contexte climatique – mais aussi la croissance démographique mondiale – va durablement réduire sa disponibilité », souligne Xavier de Verneuil, agriculteur et administrateur du groupe. Une limitation de l’accès à l’eau qui pourrait être directement liée aux déficits pluviométriques mais aussi, par ricochet, à d’éventuelles restrictions de consommation imposées par les pouvoirs publics.
La préservation de l’eau apparaît d’autant plus comme une question stratégique qu’elle fait également écho à des attentes sociétales. « Les consommateurs souhaitent que des actions concrètes soient mises en place en faveur de l’environnement », rappelle Pierre Toussaint, directeur agronomie, transitions, innovation d’Axéréal.

Un enjeu transversal, de la production agricole à la transformation industrielle
Comment, dès lors, engager le groupe coopératif dans une stratégie de limitation de l’usage de l’eau ? Le sujet est, comme nous l’avons vu, transversal et mobilise, en conséquence, les équipes des différentes branches d’Axéréal. Certaines se sont fixées à cette occasion des objectifs d’ampleur, telle la filiale malt Boortmalt qui prévoit de réduire de 30 % ses consommations d’eau entre 2020 et 2030.
Sur le terrain, les initiatives se multiplient. Dans les filières de productions végétales, par exemple, le référentiel CultivUp Régénératif propose aux fermes de s’engager dans une démarche d’agriculture durable qui implique la mise en place de bonnes pratiques pour préserver la ressource en eau (s’assurer du bon fonctionnement du matériel d’irrigation pour éviter les fuites, réaliser la traçabilité des pratiques d’irrigation…) et intègre dans le cadre de l’allongement de la rotation des cultures, des espèces ayant une résistance au stress hydrique supérieure (donc besoin de moins d’eau).
Le sujet est tout particulièrement prégnant dans le secteur de la transformation industrielle, où les besoins en eau peuvent être importants. De nombreuses innovations technologies ont donc été déployées, afin de favoriser « la mise en place de process économes en eau, et la récupération et le recyclage des eaux déjà utilisées », explique Carmen Dechêne. C’est le cas par exemple dans la filière des protéines végétales : la société Intact, dont le site est en construction, a mis au point un procédé d’extraction par voie sèche à partir de légumineuses, qui ne nécessite qu’une très faible consommation d’eau.
Chez Boortmalt, des boucles vertueuses pour recycler l’eau
La filière malt s’implique elle aussi dans une gestion optimisée de l’eau. Et pour cause : cette dernière constitue une ressource essentielle dans le processus de production du malt. Ainsi, lors de l’étape de la trempe, les grains d’orge doivent être immergés dans de grandes cuves jusqu'à deux fois pendant 8 à 12 heures, sur une période de 2 jours, afin de favoriser leur germination. Comment réduire la consommation d’eau des malteries lors de cette étape ? C’est une question sur laquelle se penche Boortmalt depuis plusieurs années et qui lui a permis de déployer différentes innovations dans ses usines.
Parmi elles, la technologie Optisteep, développée avec Water IQ, grâce à laquelle un seul processus de trempe humide est nécessaire. Dans les malteries où cette solution a été implantée (Anvers en Belgique, Issoudun en France, Port Adélaïde en Australie…), la diminution de la consommation d’eau peut atteindre 40 %. Précurseur sur le sujet, Boortmalt s’est engagé pour favoriser, grâce à cette innovation, la mise en place d’une production durable de malt à travers le monde : la solution Optisteep n’a pas été brevetée et est accessible librement en open source.
Une nouvelle étape dans l’optimisation de la ressource en eau s’est ouverte chez Boortmalt avec le développement d’une autre solution à fort impact : la Reverse Osmosis. Cette technologie permet de traiter de manière performante les eaux usées des malteries, afin de les réinjecter dans le processus industriel. L’eau produite a une qualité d’eau potable, ce qui signifie qu’elle n’a aucun impact sur le processus de production et le malt final. En utilisant la technologie d’osmose inverse, l’élimination des polluants des eaux usées est également plus efficace. Avec des exemples de ces types d’installations dans les malteries australiennes, le système est opérationnel au sein de l’usine d’Anvers depuis janvier 2025. « Il pourrait réduire de 50 % le volume d’eau potable prélevé sur les réseaux de distribution, passant de 1,2 million de m3 à 600.000 m3 d’eau par an, précise Piet Mijten, Group Manager Water Technologies chez Boortmalt. Cela équivaut à la consommation annuelle de plus de 8000 foyers. »

A la Brasserie de Chambord, des bières de qualité produites avec moins d’eau
Ouverte en février 2025, la Brasserie de Chambord a souhaité développer un ensemble de pratiques respectueuses de l’environnement (approvisionnement local en orges bas-carbone, système de brassage peu consommateur d’énergie…). Cette volonté s’incarne également dans une gestion durable de la ressource en eau. Pour ce faire, deux solutions ont été introduites dans le procédé de production de la bière.
La première intervient lors de la phase d’ébullition. « Un système nommé Pfaduko nous permet de recycler l’eau, explique Guillaume Bachellerie, responsable de production à la Brasserie de Chambord. Les vapeurs produites par évaporation sont ainsi récupérées, purifiées avant d’être réintégrées dans le process ».
Autre phase durant laquelle la ressource en eau est optimisée : le refroidissement du moût. L’eau glacée qui permet de réaliser cette étape va être elle aussi récupérée – elle est alors devenue chaude – et envoyée vers la bâche à eau chaude pour être à nouveau utilisée dans le cycle de production de la bière. L’avantage de cette pratique est double. Elle permet de réaliser des économies d’eau mais va également limiter la consommation énergétique, ce recyclage réduisant le volume d’eau à chauffer.
Au niveau de production actuel de la brasserie (3000 hl de bière par an), les innovations déployées permettent de réduire d’environ 240.000 litres par an les besoins en eau. Une économie conséquente et qui devrait s’accroître dans les années qui viennent, à mesure que l’établissement tendra vers sa capacité de production maximale (12000 hl par an).
